Du 29 mai au 2 juin, les représentants de 175 pays se sont réunis au siège de l’UNESCO pour se pencher sur la question de la pollution de l’environnement par le plastique. Il s’agissait de la deuxième session du comité international de négociation, sur les cinq prévues pour aboutir à un accord historique couvrant l’intégralité du cycle de vie du plastique. Les négociations ont laissé paraitre deux camps. D’un côté, ceux qui appellent à limiter la production de plastique (dont l’Union Européenne). De l’autre, ceux qui privilégient plutôt le recyclage du plastique (dont la Chine, les Etats-Unis et plusieurs pays de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole).

La majorité des actualités concernant l’environnement, telles que celles-ci, ont tendance à décourager et à laisser penser que l’environnement continuera de pâtir des activités humaines. Aujourd’hui, regardons du côté des bonnes nouvelles. Concentrons-nous sur la préservation de nos océans, dont la surface représente un peu plus de 70% de la Terre.

Une bonne nouvelle pour l’environnement : la lutte contre la présence de plastique dans les océans.

Premier niveau : extraire les plastiques des océans.

Ocean CleanUp est une organisation non gouvernementale fondée par Boyan Slat, un ingénieur néerlandais. Depuis sa fondation en 2013, elle développe une technologie visant à capturer les déchets plastiques présents dans les océans. Le système consiste en une structure flottante placée dans une des cinq gyres océaniques de la planète. Dans ces tourbillons d’eau, le vent et le courant poussent les débris marins dans le « piège » que forme la barrière Ocean CleanUp.

Au fond de cette barrière, un filet de rétention accumule les déchets. Ils seront alors récupérés et triés à leur retour sur terre.

Récemment, l’organisation a lancé le System 3, qui mesure désormais 2500 mètres de long. Grâce à cette évolution, l’ONG espère supprimer le vortex de déchets du Pacifique Nord, situé entre Hawai et la Californie. Ce vortex fait la taille de trois fois la France et contient cent millions de kilos de déchets plastique. Ocean Cleanup a annoncé avoir déjà retiré cent mille kilos de plastique de ce « pays » de déchets.

Deuxième niveau : empêcher les plastiques d’atteindre les océans en récupérant les déchets dans les rivières.

Une centaine de rivières sont responsables d’environ 80% de la pollution plastique mondiale. The Ocean CleanUp a donc également développé un collecteur de plastiques pour ces rivières : l’Interceptor. Il s’agit d’un petit navire autonome qui fonctionne grâce à l’énergie solaire. Il peut collecter jusqu’à 50 000 kilos de plastique par jour dans les rivières les plus polluées. L’Interceptor intervient actuellement dans 5 sites en Indonésie, Malaisie, République Dominicaine, Californie et Vietnam.

 

 

 

 

The Great Bubble Barrier est une entreprise sociale fondée à Amsterdam en 2017. Elle a également développé une solution pour empêcher les déchets des rivières d’atteindre les océans. Cette innovation a un fonctionnement plutôt simple. Au fond de l’eau, un tube perforé pompe de l’air. Cela crée alors un grand rideau de bulles qui bloque les plastiques et les fait remonter à la surface. Cet écran de bulles, placé en diagonale dans le lit de la rivière, guide les plastiques dans un dispositif de captage qui recyclera les déchets.

Attaquer le problème à sa source : réduire le recours au plastique.

Plusieurs pays essaient d’endiguer la prolifération du plastique dans les océans en s’attaquant à la circulation des plastiques dans notre quotidien. Par exemple, le Royaume Uni a voté en avril 2022 une taxe sur les emballages en plastique (UK Plastic Packaging Tax). Cette taxe concerne les entreprises qui fabriquent ou importent des emballages en plastique (y compris les contenants tels que les bouteilles). Pour chaque tonne de plastique fabriquée avec moins de 30% de matières recyclées, les entreprises sont taxées 210 livres. On pourrait considérer cela comme un petit pas. Cependant, il s’agit d’une preuve que les mentalités changent et que des brèches s’ouvrent dans l’hégémonie du plastique.

De la même manière, le Canada bannit depuis juin 2022 six catégories de produits en plastique. Il s’agit d’éliminer de l’industrie canadienne les sacs en plastique, les couverts en plastique, les touillettes, les anneaux de six packs, les pailles et certains contenants à emporter. Encore une belle avancée dans la lutte contre la pollution plastique.

En France, la loi anti gaspillage avance aussi contre la pollution plastique. Elle prévoit la fin progressive de tous les emballages en plastique à usage unique d’ici 2040. Vaisselle jetable en lot et cotons-tiges en plastique sont interdits à la vente depuis 2020. En 2021, ce sont les pailles, couverts jetables, touillettes, couvercles de gobelets et autres objets en plastique qui ont disparu de nos vies. Depuis 2022, les fast-foods doivent servir leurs clients avec de la vaisselle réutilisable s’ils consomment sur place.

La vaisselle réutilisable de McDonald’s

Les espoirs d’une croissance bleue respectueuse de l’environnement marin.

La problématique des marées noires est davantage prise en compte.

Chaque année, des marées noires surviennent à travers le monde. En février 2023, le pétrolier Princess Empress déversait 800 000 litres de mazout dans les eaux des Philippines. A l’heure actuelle, les yeux sont rivés sur le pétrolier FSO Safer. C’est un vieux tanker rempli de quatre fois la quantité de pétrole de l’Exxon Valdez (dont le naufrage en 1989 a représenté l’une des plus graves crises environnementales aux Etats-Unis). Il est actuellement abandonné dans la mer Rouge au large du Yémen. Le programme de l’ONU pour le Développement a pour mission de transférer le pétrole vers un autre navire avant que le Safer ne casse ou s’embrase et qu’il ne provoque une marée noire historique.

Précisons néanmoins que les marées noires se font de plus en plus rares. En 1974, l’International Tanker Owners Pollution Federation (ITOPF) recensait 117 marées noires dont 27 de plus de 700 tonnes. Les organisations internationales ont pris des mesures pour lutter contre les marées noires. Ainsi, il n’y a eu « que » trois marées noires en 2019, dont une seule de plus de 700 tonnes. C’est déjà une bonne nouvelle !

L’environnement peut compter sur l’hybridation des sources d’énergie des bateaux commerciaux.

90% des échanges marchands se font par voie marine, et le transport maritime est responsable de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si rien n’est fait, le transport maritime pourrait représenter 17% des émissions de GAS mondiales en 2050. L’Organisation Maritime Internationale a donc imposé de diminuer de 50% les émissions de la flotte mondiale d’ici 2050. L’Europe est encore plus « sévère » puisqu’elle demande aux navires de marchandises et de passagers de réduire leurs émissions de 31% d’ici 2040 et de 80% d’ici 2050.

L’aile CWS

Pour faire face à ces réglementations, l’entreprise Computed Wing Sail a créé une voile-aile à placer sur les navires afin d’hybrider l’énergie qu’ils utilisent. Cette voile peut s’inverser pour utiliser la force des vents de tribord et de bâbord. Sur un navire tout neuf ou sur un bateau déjà existant, cette voile rigide contribue à décarboner le transport maritime.

L’aile Wisamo

Dans cette catégorie, il existe aussi l’aile Wisamo développée par le groupe Michelin. Cette aile gonflable, rétractable et automatisée peut être installée au moment de la conception du bateau ou sur un navire déjà opérationnel. Cette aile promet de réduire de 10 à 20% la facture de fuel d’un navire. L’aile est encore en essai sur deux navires et elle sera commercialisée en 2024.

La meilleure solution pour l’environnement : le recours exclusif à la force du vent.

Certains proposent même de revenir totalement au voilier. C’est le cas de TransOceanic Wind Transport, une compagnie maritime de transport à la voile fondée en 2011. La compagnie a d’abord travaillé avec une vingtaine de navires traditionnels pour en faire des bateaux marchands. La revalorisation de ces voiliers a permis de transporter 1500 tonnes de marchandises. La société lancera son propre voilier cargo à la fin de l’année 2023. Cette alternative au porte-conteneurs constitue un levier de développement économique compatible avec la transition énergétique.

Le chantier du navire TOWT

 

De la même manière, l’entreprise Grain de Sail a développé son propre voilier cargo afin d’aller chercher grains de café et fèves de cacao de l’autre côté de l’Atlantique. Grain de Sail possède un atelier de torréfaction et une chocolaterie en France qui leur permettent de vendre café et chocolat. La « rétro-innovation » est selon eux la meilleure manière de s’orienter vers une croissance bleue. Un deuxième voilier est même en construction, preuve d’une philosophie prometteuse.

 

La protection des fonds marins.

Vers une pêche plus durable.

En France, la pêche labellisée est visible par deux labels principaux. Il existe le label Marine Stewardship Council (MSC), attribué par une ONG internationale qui lutte contre la surpêche. Il s’agit donc de poissons qui ont été pêchés de manière responsable en laissant suffisamment de poissons dans l’océan, en respectant l’environnement marin et en permettant aux personnes qui dépendent de la pêche de vivre de leur métier. L’autre grand label est celui d’Aquaculture Stewardship Council (ASC), une ONG qui vise à améliorer l’élevage de poissons, de coquillages, d’algues et de crustacés. Il concerne les aquacultures responsables, qui se distinguent des aquacultures intensives. Ces dernières peuvent être à l’origine du développement de maladies, nécessitant l’utilisation de produits chimiques et d’antibiotiques très nocifs pour l’environnement marin. En 2005, seulement 0,5% de la pêche mondiale était labellisée pêche durable. En 2021, la pêche durable représentait 14% de notre consommation de poisson. On peut donc espérer que cette tendance se confirmera !

L’océan, un allié dans la gestion des émissions carbone.

Les océans fournissent la moitié de l’oxygène que nous respirons et absorbent un quart de nos émissions de CO2. Ils ont donc un rôle majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique alors qu’ils sont eux-mêmes menacés par de nombreux facteurs : fonte des glaces, acidification des océans, pollution, surpêche.

Des recherches du Climate Change Research Centre de l’Université de Sydney ont montré que la régénération de la biomasse de l’océan (la faune et la flore qui vivent proches de la surface) permettait aux océans d’absorber davantage de carbone. C’est en effet elle qui fait le pont entre l’atmosphère et la profondeur des océans où se stocke le CO2.

Préserver les fonds marins.

Du côté de l’Europe, la Commission Européenne a interdit en septembre 2022 le chalutage en eau profonde dans 87 zones sensibles. Quelques 16 000 km2 d’eaux communautaires sont désormais fermées à tous les engins de fond (chaluts de fond, dragues, filets, casiers et pièges). Cette zone, située au-dessous de 400 mètres sera ainsi réservée à la protection des écosystèmes marins vulnérables. Il s’agit d’un premier pas vers une exploitation de la mer plus respectueuse de la faune marine.

Du côté de l’Organisation des Nations Unies, les pays membres ont signé un accord historique en mars 2023. Il s’agit du premier Traité international de protection de la haute mer. La haute mer concerne l’ensemble des eaux situées en dehors des zones de souveraineté et des zones économiques exclusives. Elle représente 60% de la surface des océans. Ce traité a pour objectif de protéger 30% de la haute mer, contre 1,2% actuellement. 

Pour finir.

Ces nouvelles peuvent nous autoriser à espérer une suite positive pour notre planète. Mais il est temps que l’échelle de ces actions soit à la hauteur des enjeux et que celles-ci se généralisent. Emerge une nouvelle offre qui allie le transport maritime décarborné et le transport de personnes : la compagnie TOWT propose d’accueillir jusqu’à 12 passagers sur ses voiliers-cargos, pour des traversées vers le Brésil, la Colombie, les Etats-Unis ou le Vietnam. A noter que la consommation de CO2 serait de 0,15 g  par passager et par km, contre, 95 g pour le transport en avion. Mais également qu’un aller simple vers New-York se parcourt en quatorze jours, et que le prix moyen d’une traversée en voilier-cargo est de 200€ par jour et par personne.  Ce qui ne concurrence pas de loin l’avion

Jeanne, stagiaire chez SENZO

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